La traversée entre l'Altamante et l'Erdeven ne fut pas de tout repos. Tempêtes, pirates, monstres, on aurait dit qu'Avméa lui-même s'opposait à la venu de Diero en Erdeven. Malgré tout, le navire avait finit par accoster à Jouvenceau par un magnifique matin de printemps.
Tel qu'ils l'avaient promis à Elthésar, les moines flaviens qui avaient facilité la fuite de Diero, l'avaient ensuite mené jusqu'au monastère reculé de St-Jehovan près du col des Aiguilles-Noires. Ce petit monastère perché dans les hauteurs, dans les forêts glacées de conifères, semblait bien morne aux yeux de ce jeune homme venu des terres australes. Néanmoins, l'acceuil fut cordial et Diero découvrit rapidement la merveilleuse bibliothèque.
Les années qui suivirent furent marquées par la poursuite de ses études et la prise de ses voeux au sein de l'ordre brancisois. Il développat un fort intérêt pour l'historique théologien de l'Église de Ladisalo. L'éloignement du Saint-Siège avait parmi au moine de St-Jehovan de conserver plusieurs manuscrits qui en d'autre lieux auraient été mis à l'index ou tout simplement détruits. Rapidement, le codex de Diero était devenu volumineux touchant à divers élément de philosophie, d'évangélisme, de théologie. Il se rendit compte que plusieurs écrits qui avaient été considérés comme des bijoux de la pensée grégorienne il y a quelques centaines d'années étaient aujourd'hui considérées par le Saint-Siège et par l'Inquisition comme hérésie et anathème.
Malgré ces découvertes, la bibliothèque de St-Jehovan ne pouvait répondre à toutes ces questions. De plus, les dernières paroles de son tuteur le hantaient. Il se sentait prendre racine dans les murs froids cloîtrés du monastère. Ayant prononcé voeux d'obéissance, il ne pouvait cependant quitter son refuge sans permission. De plus, la guerre civile qui avait éclaté entre les partisants du prince Philippe et ceux du prince Auguste rendaient les route incertaines.
Après plusieurs semaines de pétitions au près de l'Abbé Marian et plusieurs nuits de prière, Diero reçut la permission d'aller poursuivre ses recherches au monastère de Saint-Étienne-des-Roses dans la petite ville de Chaudière. Ce n'était pas la bibliothèque de l'université de Privas, mais cette nouvelle excitait le jeune prêtre. En effet, Saint-Étienne-des-Roses avait été fondé, il y a une vingtaine d'année, par un moine qui avait écrit plusieurs traité comparatifs sur la pensé théologique actuelle et les écrits anté-évangéliques des disciples d'Avméa.
Diero était arrivée à Chaudière avec l'automne. La ville était déjà en désaroi avec la disparition de six personnes. Cette tragédie allait demeurer une source constante d'agacement au cours des prochains mois alors que la liste des disparus s'allonge et que les bourgeois de Chaudière s'impatiente.
En fin d'avant-midi, le 5e jour du Frimaire 1214, nous trouvons Diero endormi à son pupitre dans la bibliothèque du monastère, les lectures de la nuit dernière l'ayant épuisé. Le jeune acolyte Nathaniel, avec qui il partage sa cellule, vient le réveillé.
«Frère Diero, réveillez-vous !, dit-Nathaniel en secouant doucement Diero. Réveillez-vous, les grégoriens sont passés aux actes la nuit dernière ! Un des leurs aurait été attaqués rue de la Lanterne et mère Urikas aurait décidé d'engager des mercenaires. Il ont trouver l'accès à Jazdirune. Vous vous rendez-compte, Jazdirune la magnifique, Jazdirune la maudite... L'accès était chez un serrurier rue des Cendres. Le serrurier aurait été arrêté. Il paraît que les grégoriens compte le soumettre à la Question d'ici la fin de la journée !»