Bienvenu à Horacio !
Alors que vous faites les présentations, le jeune acolyte avec qui le frère Ruphus avait discuté à votre arrivée, fait irruption dans la pièce. Il arrive avec un grand plateau chargé de victuailles. Vous y voyez de la soupe, des fruits, du fromage, du pain frais quelques bouteilles de cidre. Bref, de quoi faire un bon repas. Si les chambres du monastère ne valent pas le confort de l’auberge du Vieux soûlon, la table est certainement aussi bonne !
«Pardonnez-moi, de vous interrompe, messieurs et mesdames, je vous ai préparé un petit goûter. J’en ai mis un peu plus que ce qui serait permis par les règles de l’ordre, mais étant donnée vos bonnes actions, je crois qu’Avméa sera indulgent,» dit le frère Martin avec un petit sourire espiègle.
«Je vois que vous pêcher de gourmandise encore une fois, frère Martin !»
Une jeune femme portant les robes d’une prêtresse de l’ordre de saint Grégorio et non pas celles d’une simple nonne, phénomène qui demeure relativement rare ici dans Erdeven, se tient dans l’embrasure de la porte. Ses longs cheveux bruns, soigneusement peignés, sont marqués des grandes mèches grisonnantes. Elle regarde d’un air autoritaire le jeune acolyte.
«Non, Mère Jenya, je vous assure,» balbutie le jeune homme, «je voulais… C’est à dire… C’est que je voulais…»
Les trais de la prêtresse se détendent et laisse place à un large sourire. «Allons, frère Martin, je vous taquinais. C’est une excellente initiative que d’avoir apporté une si belle table à nos hôtes. Maintenant, laissez-nous, je vous prie, je dois discuter avec ces gens.»
«Oui, mère,» répond le jeune homme en s’éclipsant, visiblement soulagé de ne pas avoir attiré la foudre de sa supérieure.
La jeune femme s’avance vers vous la main tendue en signe d’amitié. Elle arbore un grand sourire, mais ses yeux laissent transparaître fatigue et inquiétude.
«Bonsoir, bienvenus dans l’humble demeure d’Avméa. Je suis Mère Jenya Urikas, en l’absence du Père Délashan, je suis la supérieure de cette congrégation. Le frère Ruphus m’a raconté ce qu’il s’est passé ce soir. Il m’a également indiqué la façon héroïque dont vous vous êtes portés à son secours. Je vous en suis très reconnaissante. Le frère Ruphus est un membre très apprécié et très dévoué de notre petite congrégation.
Je voudrais, en guise de remerciements, vous offrir logis pendant que vous serez à Chaudière. C’est la moindre des choses que nous puissions faire.»
La mère supérieure prend le temps de se servir un verre de cidre avant de continuer.
«Ceci étant dit, j’aurais également une proposition à vous faire. Comme vous le savez, il y a trois nuits, quatre enfants ont disparus de l’orphelinat de la rue de la Lanterne : Diacre, Éveline, Lucille et Terrem. Ce sont les dernières victimes d’une série d’étranges de disparitions et de cambriolages. Remarquez, l’Orphelinat de la rue de la Lanterne a deux dortoirs, un pour les garçons, un pour les filles, tous deux situés à l’étage. Deux enfants ont été kidnappés dans chaque dortoir. Pourtant, personne, je dis bien personne, ni les enfants, ni les membres du personnel n’ont entendu ou vu quoique ce soit.»
«Pour ce qui est de la sécurité à l’orphelinat, les fenêtres et les portes sont barrées et les serrures sont de la meilleur qualité disponible ici à Chaudière. Toutes les portes de l’orphelinat sont verrouillées la nuit pour empêcher les enfants de faire des expéditions impromptues la nuit dans les rue de la ville.,» poursuit-elle.
«Suite à ces événement l’Église a promis de retrouver les enfants disparus et de remettre les kidnappeurs à la justice séculaire afin qu’ils soit punis selon les lois des Hommes. Bien que le frère Ruphus ne faisait pas partie en tant que tel de ce plan, il avait été envoyé à l’orphelinat pour y apporter un peu de confort. Les gens ont besoin, maintenant plus que jamais d’être assurés de la présence d’Avméa et de son Église.»
***
Nandeb avait parcouru la moitié de l’île, évitant soigneusement les zones de conflits, au cours des derniers mois. Ça n’avait pas été chose facile. Bien des barons étaient peu scrupuleux pour ce qui était du recrutement dans leurs armées, si on peut appeler ça du recrutement, sans compter qu’il y avait les brigands, les hordes d’humanoïdes et autres dangers du même genre. Il avait pu visiter quelques villes, quelques villages, mais rien n’avait réellement retenu son attention. Qu’est ce que le maître avait bien pu voulu dire par se chercher soi-même ?
Il était arrivé à Chaudière quelques instants à peine avant la fermeture des portes de la ville pour la nuit. La garde l’avait laissé entré sans trop faire de tracas et les lourds panneau de bois s’étaient refermés derrière lui. Nandeb avait presque l’impression d’entrer dans une prison. Ce que c’est tassé ici, où sont les arbres, l’espace, comment les gens peuvent-ils vivre aussi près les uns des autres ?
Perdu dans ses pensées, Nandeb n’avait pas vu le jeune acolyte qui courait pour éviter la pluie froide qui tombait. Nandeb, habitué de vivre dehors, ne s’en préoccupait pas. L’accrochant au passage, le jeune moine s’excusa : «Pardonnez-moi, je n’ai pas fait… Nandeb ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Nandeb redressa la tête. Le jeune homme avait un air familier : «Tirenn ?
-Frère Tirenn, je suis acolyte chez les grégoriens. Mais dis-moi Nandeb, depuis quand tu es en ville, je croyais que restait caché dans les bois ? Tu as un endroit pour loger ? Tu as mangé ? Non. Allons, viens au monastère, le frère Martin prépare une excellente soupe et avec cette température, ça nous fera grand bien. Tu en profiteras pour tout me raconter.»
Assis au coin du feu dans la cuisine du monastère, Nandeb devait admettre que ce n’était pas si mal comme endroit. Il n’aurait certainement pas choisi la vie de son ami Tirenn, mais il avait l’impression que c’était réciproque. Quoiqu’il en soit, Tirenn avait quitté le village il y cinq ou six ans pour entrer chez les frères. Après son tutellage, il avait été envoyé à Chaudière pour entreprendre la réfection des jardins et de l’herboristerie. Étant fils de fermier, son passé lui était d’un grand service. Nandeb ne pouvait qu’approuver.
«Le vieux sorcier de la forêt t’a donc dit d’aller te trouver… Il a toujours eu des idées bizarres, celui-là. Mais Avméa et Zemli sont des maîtres bien étranges qui ont chacun leur façon de faire.»
«Vous ne devriez pas implorer les dieux païens dans ces lieux, si Mère Jenya vous entendait, s’exclamât le frère Martin qui entrait.
- Tiens, de retour. Je présume que notre bonne supérieure vous a encore accusé de gourmandise, mon frère, répondit Tirenn, visiblement dans une excellente humeur.
- Cela n’a rien à voir, nous sommes dans la maison d’Avméa. Il n’est de notre…
- Holà, holà, mon frère, je ne voulais pas commencer un débat théologique et philosophique ce soir. Je montrais simplement un peu de respect envers notre hôte et ses convictions.
- Vous avez raison. Pardonnez-moi, tous les deux. Avec toutes ces disparitions et l’absence du Père Délashan, je suis un peu nerveux.
- Parlant de disparitions, est-ce pour cela que Mère Jenya voulais rencontrer ces gens ?
- Je le crois, vous le savez tout aussi bien que moi, mon frère, nous ne somme pas assez nombreux dans cette petite congrégation pour mener cette enquête. Mère Jenya va devoir faire appel à de l’aide extérieur.»
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