4. Des Gobelins à l'Hospice Céruléen
Après s'être équipée, la petite équipe des Ombres Vives revint passer le temps à sa taverne préférée. L'attente ne fut pas très longue, car l'envoyé de la maison Céralir arriva avec une bonne demi heure d'avance, et un air toujours aussi anxieux.
« Ah, vous êtes déjà là ! Très bien, très bien... Vous vouliez voir les deux rescapés, pour autant que l'on puisse les qualifier ainsi, n'est-ce-pas ? On peut y aller dès maintenant, à moins que vous n'ayez du matériel à prendre chez vous avant... Pour aller plus vite, je pourrais vous y mener, j'ai un tapis volant... »
Les Ombres étaient prêtes et ne voulaient pas perdre de temps. L'homme, suivit par les aventuriers, rejoignit son maître, Orvas ir'Céralir, le neveu du patriarche de la famille Céralir, sur un des balcons de la tour, où il attendait en compagnie d'un warforged adossé à un pilier. Celui-ci tenait entre ses bras de métal luisant un tapis enroulé. Fait insolite pour ceux de sa race, il portait sur la tête un heaume, heaume qui masquait sa marque frontale. Le long de ses bras et avant-bras, de nombreux petits fourreaux avaient été proprement soudés, contenant en tout une douzaine de poignard de jet. Il portait également une arbalète à répétition attachée à sa ceinture. Enfin, sa hanche.
« Ah, vous voilà, déclara Orvas. Je vous présente Fidèle, et Fidèle, voilà les agents que l'on a recrutés, Messire et Mesdemoiselles... »
Cette fois-ci, les Ombres ne déclinèrent pas de fausses identités. Sauf pour Côme, bien sûr.
Une fois les présentation terminées, Fidèle déroula le tapis et s'accroupit à une extrémité. Orvas et son serviteur prirent place à l'autre, et invitèrent les Ombres à s'installer au centre. Bien que la placette fut assez peu fréquentée à cette heure, un tapis volant attire l'attention, et quelques curieux observèrent la scène. Répondant aux question de nos héros curieux, Orvas déclara que les mineurs étaient dans un « établissement de repos privé appartenant à notre famille, sous contrat avec la Maison Jorasco » dans des conditions « d'un luxe surprenant pour des gobelins, auxquelles ils n'auraient bien sûr pas eu droit si ce n'était pour les conditions toute particulières ayant causé leur affliction » et Fidèle expliqua monotonement qu'il portait un casque car ça lui donnait un visage rien qu'à lui et qu'il était « paré pour le combat à distance, à cause du tapis volant ».
Le tapis, obéissant à Orvas, se soulèva en ondulant, et transporta toute la troupe dans un trajet rapide et mémorable entre les masses écrasantes des tours et les fines dentelles des ponts. Orvas alla à côté du manoir Céralir, sa destination étant en fait une tour voisine de celle où le manoir se trouve, près du sommet des tours. Sur le toit d'une tourelle plus basse que la moyenne se trouvait un petit bâtiment carré, de trois étages, entourant un patio avec fontaine, et lui-même entouré d'un jardin. Le tapis rentra par un balcon au premier étage, au dessus de la porte principale. Les murs étaient ornés de fresques en mosaïques représentant la mer bleue, pleine de dauphins stylisés, et le ciel azur, plein d'ébauches d'oiseaux. Le tapis se posa sur une autre mosaïque, en carrelage, représentant un griffon. Les Ombres aperçurent quelques hafelins, sans doute du personel soignant de la maison Jorasco, et un personnage richement vêtu, un humain, de toute évidence un parent d'Orvas -- même chevelure châtain-blond, même nez légèrement crochu, un peu plus vieux. Il discutait avec une hafeline aux cheveux gris, accompagnée d'un jeune collègue, vraisemblablement un subordonné, qui restait silencieux. La conversation s'interrompit alors que le tapis se posait, et le noble alla à la rencontre de l'équipe:
« Ah, Orvas, te revoilà déjà ! Bienvenu dans l'hospice céruléen, vous devez êtres ces fameuses Ombres Vives qui doivent nous aider à résoudre un petit mystère ! Je suis Ayrcas ir'Céralir, l'aîné d'Orvas que vous connaissez déjà. Nous étions justement en train de discuter, Madame Téchani -- il désigna la vielle halféline d'un petit geste des mains, semblable à celui que l'on fait en disant "après vous" pour montrer le chemin -- et moi, de comment les deux mineurs se sont retrouvé dans ce triste état. Vous pourrez lui demander son diagnostic, mais peut-être voulez-vous voir les victimes d'abord ? »
« Fameuses ? Vous nous faites trop d'honneur, messire, mais nous ferons tout notre possible pour répondre à vos attentes, » répondit poliment Karm, avant de poursuivre: « Ma fois, si Madame Téchani peut nous éclairer sur l'état des patients nous concernant, nous lui en serions très reconnaissant. Il est en effet plus commode de connaître la situation avant de débuter nos opérations et j'ai justement quelques questions précises sur l'état mental de ces gobelins. »
« Pour ma part, dit Côme en saluant, j'aimerai savoir ce que vous pensez de la nature et de l'origine de leurs blessures. Les avez-vous fait examiner par un magicien ou quelqu'un de versé dans les afflictions magiques ? Je suis très intéressé par le fait de savoir si ces gobelins ont été blessés par des créatures ou des objets et ce que l'on peut en déduire. Ensuite, nous irons visiter et ausculter ces gobelins... »
L'halféline désignée comme étant Madame Téchani, sentant qu'elle y était invitée, prit parole.
« Bien, les deux patients, des gobelins répondant -- enfin, plus maintenant -- aux noms de Tûkdhann et Rhaköasch, sont dans l'incapacité de communiquer. L'une, Tûkdhann, est plongée dans un coma profond, avec toutefois une particularité assez intéressante, elle est recroquevillée en position fétale et toute crispée. Pas moyen de la déplier sans risquer de la tuer. L'autre, Rhaköasch, ne vaut guère mieux. Tout à fait catatonique, il ne dit rien, mais semble toutefois comprendre nos propos. Il obéit avec une morne résignation à des ordres simples, et ne fait rien de son propre chef. Il semble se désintéresser de tout et avoir perdu le plus clair de ses facultés intellectuelles. »
Elle laissa aux Ombres le temps de digérer toutes ces informations, puis continua:
« Ces symptômes, qui résistent à nos traitements, s'accompagnaient d'autres effet, plus physiques, que nous avons réussi à guérir, du moins en partie. Les deux présentaient un certains nombres d'engelures et de brûlures causée par un froid intense. Il a d'ailleurs fallu amputer la main droite de Tûkdhann, qui, noircie, morte, avait commencé à gangrener. Cette main était d'ailleurs placée devant ses yeux, la paume vers l'extérieur, en un geste de protection. »
« Comme vous le savez, il n'y a pas de zones glaciales dans les profondeurs de Sharn, bien au contraire. Aussi, tout naturellement, nous supposons une origine magique à ces symptômes -- sans doute quelque antique piège que les mineurs auront déclenchés. La seule magie dans laquelle je puis prétendre m'y connaître est celle de la guérison, aussi je ne suis pas sûre de ce qu'il faut en penser, mais je suppose qu'il ne s'agit pas là simplement d'effets d'évocation -- pour ce que je sais, cette école a rarement des effets sur l'esprit, et son action est en générale immédiate. Je soupçonne donc que nous sommes plutôt en présence des conséquence de la magie nécromantique. »
Ces nouvelles ne plaisaient pas à Karm.
« Voilà qui est des plus dérangeant... Vous dites donc que Rhaköasch comprend encore ce qu'on lui dit ? Ça me facilitera le travail.
Quant à l'autre, pensez-vous que son esprit soit encore fonctionnel ? Y a-t-il encore une conscience dans ce corps ou n'est-ce plus qu'un simple légume ? Avec votre autorisation, je voudrais tenter de communiquer avec ces deux gobelins. »
Parabelle ajouta qu'ils avaient « des techniques de diagnostics sans dangers avec lesquelles [ils espéraient] pouvoir en savoir plus sur les conditions de leurs traumatismes. »
Mme Téchani répondit « Mon fils Siobin va vous y conduire, suivez-le. » Ayrcas souhaita bonne chance aux détectives. Le petit groupe, guidé par Siobin, traversa un long couloir bleu, avec toujours ces mosaïques simples et répétitives. Siobin ouvrit une porte, la douzième, donnant dans une petite pièce où se trouvaient quatre lits serrés les uns contre les autres, séparés par des cloisons de bois, un peu comme pour les box des chevaux dans une étable. Deux des lits, à chaque extrémité, étaient occupés par des petites formes rabougries -- les gobelins survivants. Si on pouvait appeler ça survivre.
« Avec votre permission, Monsieur Téchani, je souhaiterait étudier les motifs de leurs pensées superficielles, déclara Parabelle. Eileen, tu leur posera des questions pendant que je me concentrerait sur leur activité corticale. Karm, que comptes-tu faire ? Je suggère que tu t'occupe de Tûkdhann pendant que nous nous occupons de Rhaköasch, et vice-versa. »
« Et bien, je comptais directement sonder leur esprit pour tenter de communiquer malgré les barrières que sont leurs états. Pour l'inconsciente, il ne devrait pas y avoir d'opposition mais peut-être pas de réponse non plus... Pour le deuxième, il faudra le convaincre de participer à l'échange. Vu qu'il répond à des ordres simples, son esprit doit encore être opérationnel, même si diminué. Souhaites-tu participer à l'exploration ? ou bien vous, Mr Téchani? cela vous ouvrirai peut-être des voies de traitement possibles ? »
Cette variation du plan intéressait Siobin et Parabelle, qui y voyait là une intéressante synergie avec son sort de détection de pensées, et ils se concentrèrent donc tous sur Tûkdhann. Malgré les efforts de Côme & Karm, la gobeline restait recroquevillée sur elle-même si profondément que son âme est déconnecté de son corps. En son esprit passait et repassait, lancinante, cette plainte: « Non! Chapelle de Khourorscht! danger, fuir! » Parallèlement, ses pensées superficielles ne contenaient que ceci: « Je suis morte. »
Cependant, au bout d'un moment, les efforts de Karm pour s'immiscer dans sa psyché semblèrent avoir tout de même un résultat -- quelque part, au plus profond de son âme, Tûk s'était rendue compte qu'il se passait quelque chose de nouveau. « Qu'est-ce ?/Démons de Khourorscht !/Mangeur d'âme/Dolurrh/Pire/Non! »
C'était pas forcément un progrès, mais au moins un résultat. Les messages mentaux de Karm continuèrent. « Pas démons/ami/pas danger/sécurité/pas morte/vivante/courage/plus danger/pas danger/blessures soignées. »
La gobeline restait traumatisée, mais elle sembla se rassurer un peu, car Côme/Eileen fit la remarque qu'elle se décrispe légèrement. Voilà une méthode de thérapie inorthodoxe, mais efficace. Siobin était impressionné. Tûk, quand à elle, s'ouvrit un peu plus: « Si pas-démons, quoi ?/Vous, quoi ? »
Le dialogue conceptuel continua encore quelque temps, assez pour rassurer la gobeline, qui chercha toutefois à rompre ce contact mental dérangeant. « Besoins: repos/réflection/méditation/sortie. » Karm était satisfait, et il semblait que l'on ne pouvait pas apprendre beaucoup plus de cet esprit blessé.
« Bien il semble que la situation soit stabilisée. nous avons obtenus quelques renseignements. Peu, certe, mais bon, vu l'état dans lequel se trouvait cet esprit, je pense qu'il ne faut pas trop la pousser maintenant qu'elle est en voie de guérison. Se rapeller les évènements si vite après une amélioration pourrait ruiner nos efforts. Je propose que nous tentions la même opération sur la deuxième victime ; elle semble moins touchée qu'elle. On devrait pouvoir obtenir plus de renseignements. Qu'en pensez-vous ? »
Après avoir mis au courant Côme des découvertes permises par cet entretien psychique, Parabelle commença à spéculer sur cet entité "Khourorscht" avant d'être interrompue par un Siobin enthousiaste qui voulait demander à Karm s'il pouvait lui apprendre comment développer ce contact psychique. «Si j'apprenais à le faire, je pourrais sans doute en parfaire l'usage à fin médicales... Je pense que ça me ferait un bon sujet pour soutenir une thèse... »
Les Ombres et Siobin s'occupèrent alors de l'autre gobelin, Rhaköasch. Avec beaucoup moins de succès. La déconvenue de Karm fut grande en découvrant que l'esprit de Rhak était, au mieux, végétatif.
« De fait, moi qui espérait que, comme il semblait moins atteint, ce serait plus facile, je me suis lourdement trompé. L'état dans lequel s'était plongé la gobeline semble avoir sauvé son esprit. enfin, essayons tout de même... »
« Ça ressemble à un effet de débilité mentale, renchérit Parabelle. Si c'est bien le cas, les pièges magiques étaient d'une puissance surprenante ! Son esprit est complètement détruit, il n'en subsite plus que les miettes les plus primitives, les plus instinctives, venues du cerveau reptilien. C'est tout de même étonnant qu'il ait conservé quelques facultés de compréhension du langage. Il a peut-être donc tout de même résisté en partie au sort. Ou alors, c'est un traumatisme particulièrement féroce qui lui aura fait ça plutôt qu'un sort. »
L'une des pensées de Rhak étant la faim, Karm pris un biscuit dans son sac, et tenta de nourrir le gobelin, tout en lui envoyant des pensée de protection, de sécurité, et de nourriture. Rhak se jetta sur le gateau et l'engloutie en une bouchée, en machant à peine, et en s'étouffant à moitié. Il toussa et cracha des postillons pleins de miettes qui tâchèrent les vêtements des personnes assemblées autour de lui, Karm, Siobin, et Parab'. Celle-ci réagit en faisant un écart brusque, et bougonna « Non seulement il m'a quand même tachée, mais en plus j'ai perdu ma concentration. Stupide gobelin... »
Pendant que Siobin partait chercher un verre d'eau pour le gobelin, qui avait aussi exprimé sa soif, et que Parabelle frottait energiquement sa robe en maugréant, Karm, plus zen, continua ses efforts. En transmettant les concepts de nourricier, de soutient, de protection, il fut un peu surpris de recevoir en retour ce concept interrogatif tout simple, et universel : « Maman ? »
« Manquerait plus qu'il me saute au cou... » grommela-t'il en son for intérieur. Voulant rediriger la conversation sur ce qui l'intéressait, Karm fit comprendre qu'il n'était ni la mère, ni le père de ce gobelin, et il "parla" du tombeau. La réponse ne se fit pas attendre: « Tristesse/douleur! Maman! Veux Maman! » Des larmes noyaient les yeux du petit être grotesque, et sa bouche se tordait en braillements silencieux. Il semblait qu'il était tout à fait muet. Peut-être la raison pour laquelle il ne parlait pas, bien qu'il puisse comprendre le langage ?
Karm, mentalement éprouvé par les efforts consenti pour lier par deux fois tant d'esprit, sentait sa patience s'amenuiser. Il tenta de rassurer le gobelin en lui faisant savoir qu'il n'y avait pas de danger, qu'il était en sécurité, qu'il fallait être calme... Trop tard ! Rhak était toujours aussi pitoyable: « Danger pas-important! Sécurité pas-importante! Maman! »
Côme/Eileen, qui n'avait pas participé à l'échange mental, demanda: « C'est quoi, son problème, exactement ? Pourquoi pleure-t'il ? Vous l'avez fait remonter jusqu'à le, euh, accident, de la mine ? »
Parabelle répondit: « Non, il a cru que Karm était sa maman, et Karm ne se sentait pas de materner un gobelin... Alors maintenant, il veux sa maman. »
Côme répliquaque si ce n'était que ça, « revenir au point de départ devrait être assez simple... »
Eileen s'assit sur le lit à côté du gobelin, et prit le petit être disgracieux sur ses genoux, le serrant contre son coeur et le berçant en chantonnant "la-la, la-la, t'en fais pas, t'en fais pas..." Le gobelin regressé, complètement abusé, se calma très vite.
« Bien, reprit Karm, maintenant qu'il a un soutient psychologique, on va essayer de le faire régresser ... heu, mauvaise expression. De le ramener à l'incident de la mine. En espérent que le fait d'être materné contre-balancera ses possibles craintes. »
Le psychodrame continua quelques temps. Finalement, Karm parvint à faire remonter à la surface quelques informations, mais au prix d'une agravation du précaire état mental de Rhaköasch. Laissant derrière eux un gobelin en larme, notre petite équipe apprit un peu comment se déroulèrent les catastrophiques fouilles. Tout d'abord, le contremaître hobgobelin fut l'une des première victimes d'un piège non-magique, mais très sournois. Une sorte de pont, au dessus d'un gouffre profond où flotte des brumes malsaines, avec un trou près du bord, en équilibre sur une bascule. Contourner le trou était très facile, mais le vrai piège était ailleurs. En dépassant un certain point, les ouvriers firent basculer le pont en avant, faisant glisser tout le monde. Ironie du sort, le hobgobelin, qui restait en arrière par précaution, glissa dans le trou lors du basculement. Le reste de l'équipe s'effondra pêle-même sur une corniche sans trop de heurts, quoi qu'il y eut quelques jambes ou bras cassés. Privés de surveillant, les croquemitaines prirent le contrôle de l'expédition, "réquisitionnant" les gobelins pour qu'ils pillent à leur profit à eux. Le superviseur nain fut jeté dans le trou par un des croquemitaines. Le groupe de Rhak, en ouvrant un coffre, libéra un "être/lumière/flamme bleue" qui transperça les corps des gobelins et croquemitaines qui se trouvaient sur son chemin, laissant un froid intense sur son sillage. Une fois les dernières informations obtenues, karm rompit le contact, épuisé par l'usage intensif de son don et par l'effort demandé pour maintenir la liaison avec les deux esprit perturbés et le "retour de force" mental que la tempête d'émotions du gobelin avait provoqué.
Après quelques minutes pour rassembler ses esprits, il déclara:
« Eh bien, nous avons eu les informations voulues, bien que la méthode n'ait pas été des plus orthodoxes. Je suis désolé pour le deuxième gobelin mais de toute façon, son esprit était au dela de toute guérison. Peut-être ce nouveau choc lui sera-t-il bénéfique finalement. J'ai par contre bon espoir pour sa compagne. Bon, au sujet de ces informations, Parabelle peux-tu m'apprendre quelque chose ? cette forme bleue me semble être magique mais je ne m'y connais guère. Avez vous une idée de ce dont il s'agit? »
« Alors là, je vois pas. Une sorte d'entitée incorporelle de froid intense, ressemblant d'une façon assez blasphématoire à la Flamme de Thrane, d'après la description. Aucune idée. Peut-être que les recherches que je pourrais faire sur Khourorscht m'en apprendront plus. Sinon, si vous ne voyez rien d'autre à faire ici, nous pourrions demander à Orvas de bien vouloir nous ramenez. »
Côme/Eileen renchérit: « Je pense que l'on ne peux rien faire de plus ici pour le moment, en effet. »
Il prirent congé de Siobin après que Karm lui ait conseillé quelques rapides processus de relaxation mentale, et lui dise qu'il repasserait sans doute pour voir s'il veut en apprendre plus. Le groupe se dirigea ensuite vers Orvas, refranchissant les couloirs de l'hospice, et retrouvèrent Orvas, Ayrcas, et Mme Téchani discutant à voix basse, tandis que Fidèle, adossé contre le mur, regardait le paysage du balcon, et semblait tout à fait inerte. Le serviteur d'Orvas n'était pas là.
« Messire Orvas, nous avons terminé nos investigations auprès des survivants. Nous allons maintenant effectuer quelques recherches sur les faits qui se sont produits. nous vous tiendrons au courant de l'avancée de notre enquête. Si vous pouviez nous reconduire au lieu de notre rencontre, nous vous en serions fort gré. »
C'est Ayrcas qui répondit: « Mais bien sûr qu'Orvas va vous ramener ! Et je viens avec lui, d'ailleurs. » En apparté vers la hafeline: « Faudette, je te laisse encore une semaine, mais après, on arrête les frais, d'accord ? »
Laquelle ne répondit que par un haussement d'épaules et une vague moue.
Alors qu'ils reprenaient place sur le tapis, un chat gris surgit discrètement d'une zone d'ombre, derrière une colonnade, et vint silencieusement se précipiter dans une des larges poches de la robe de Parabelle. Pendant le trajet du retour, Karm observit la petite tête du chat surgissant régulièrement de la poche, cachée par la main de la magicienne. Il ne quitta tout à fait sa cachette qu'une fois les Ombres de retour sur le balcon de la Tour des Choucas, le tapis volant reparti.
Parabelle déclara qu'elle n'avait pas de temps à perdre si elle veut trouver des infos sur Khourorscht, d'autant qu'il va lui falloir négocier avec les bibliothécaire de Morgrave. Côme annonça qu'il allait changer d'apparence et de toilette et tenter d'obtenir des renseignements dans les Rouages, les bas-fond de la ville. Karm déclara qu'il avait l'intention de faire des repérages aux alentours du manoir Fralamore.
Ayant coordonné leurs plans, les Ombres Vives se dispersèrent dans les rue de la Cité des Tours.