Prelude (Part 3) - In French
Une sirène retentit.
« Avis à tous les passagers. Nous approchons de la station orbitale Cumulus. Veuillez-vous préparez à l’amerrissage, je répète, veuillez vous préparer à l’amerrissage. »
- Ah ! Quand même ! Ce n’est pas trop tôt !
- Qu’est-ce qu’elle dit, la demoiselle ?
- Rien, rien, je parlais toute seule. Ca vous dérange ?
- Non, non…
- Tant mieux !
Cela faisait plus de deux semaines que Lilwenn avait quitté Shaprut. Contrainte par le niveau de ses finances à prendre un billet en 3ème classe, elle n’avait cessé depuis lors de regretter sa décision. La promiscuité, les odeurs désagréables, l’ennui, tout cela contribuait à la rendre irascible, comme la majorité des passagers d’ailleurs. Elle avait bien passé une partie de son temps à plumer quelques péquenauds aux cartes, mais leurs moyens étant limités, ça n’avait pas duré. Pour corser le tout elle avait du ensuite refuser leurs avances et leur faire comprendre qu’elle savait se servir de son poignard plus habilement encore que de sa langue…
Bref, enfin arrivée ! Lilwenn se disait maintenant qu’elle aurait du venir directement sur BII à son retour de Stigmata. En retournant sur Shaprut elle n’avait fait que confronter quelques anciennes obsessions au point d’en perdre la boule… Sur BII elle aurait peut-être trouvé un boulot plus fun en attendant ses potes…
Après quelques minutes d’attente, le vaisseau connut une série secousses que les habitués de ces paquebots stellaires savaient être le résultat des manœuvres d’arrimage. Les passagers de troisième classe commencèrent à se lever pour se préparer au débarquement. Lilwenn n’en pouvait plus d'attendre. Elle se sentait aussi sale qu’un barbare Vuldrok et aussi clostro qu’après avoir passé un moi au trou… En troisième classe, on avait même pas un hublot pour regarder l’infini sidéral… Elle n’avait qu’une hâte c’était de sortir, boire un bon verre, se trouver une piaule avec de l’eau pour se laver et dormir dans un vrai lit ! Elle espérait que les prix sur Cumulus n’étaient pas trop exorbitants, sans quoi il lui faudrait trouver une combine pour se remplir un peu les poches… « C’est la vie », se dit-elle en pensant aux pigeons qu’il lui était arrivé de plumer par le passé…
Un bruit sourd résonna longuement à travers la carlingue du paquebot. Le vaisseau avait terminé son arrimage. Dans quelques minutes, elle serait sur Cumulus, enfin !. Une sirène retentit :
« Bienvenue sur Cumulus. Les passagers sont priés de se préparer au débarquement. N’oubliez pas de remplir les formulaires d’admission. Pour ceux qui ne savent pas écrire, une assistance sera fournie aux postes de contrôle douanier. Les passagers de 1ère classe sont priés de s’avancer vers les rampes de sortie. »
« Quoi ? ! » s’exclama Lilwenn, excédée…
Une heure plus tard, les passagers de la 3ème classe n’avaient toujours pas fait un pas. La plupart s’étaient assis sur les strapontins élimés des couloirs ou sur leurs couchettes miteuses. La sirène retentit de nouveau :
« Bienvenue sur Cumulus. Les passagers sont priés de se préparer au débarquement. N’oubliez pas de remplir les formulaires d’admission. Pour ceux qui ne savent pas écrire, une assistance sera fournie aux postes de contrôle douanier. Les passagers de 2nde classe sont priés de s’avancer vers les rampes de sortie. »
« Ah non, mais c’est pas vrai! » hurla cette fois Lilwenn ! De plus en plus agitée, elle éprouvait du mal à attendre ainsi. Ce n’était pas normal, se dit-elle. Ce n’était pas la première fois que la Fouinarde prenait des paquebots stellaires comme celui -ci. Le débarquement était habituellement plutôt rapide…
Deux heures après, la sirène tant attendue siffla de nouveau.
«Les passagers de 3ème classe doivent s’avancer vers les rampes de sortie.»
« Et bien sûr, nous, on n’a pas le droit au même accueil », maugréa Lilwenn, vraiment à bout. Piétinant d'impatience, la jeune femme fit des coudes pour tenter de gagner quelques places dans la file d'attente. L’issue vers le sas du spatiodock semblait bouchée. Au bout d'une demi-heure, elle commença à apercevoir la sortie, et comprit enfin les raisons de ce retard insensé.
Un groupe d’hommes et de femmes vêtus de lourdes robes noires à capuchons effectuaient une fouille systématique des passagers sortants ! Un murmure parcourut la foule : « Des inquisiteurs ! ». Certains passagers pâlirent, tandis que d’autres regardaient soudainement leurs voisins d’un air suspicieux. Discrètement, Lilwenn céda quelques places dans la foule pressée, suffisamment pour aller se cacher dans une coursive latérale. Là, à l’abri des regards, elle ouvrit son sac à dos et y réagença quelques effets. On entendit quelques cliquetis métalliques. Elle s’assura que son poignard était bien caché par le cuir de sa botte, et glissa un petit objet argenté sous un de ses larges bracelets. Cinq minutes plus tard, elle reprenait sa place comme si de rien n'était.
Après quelques de minutes d’attente, ce fut enfin son tour de sortir par un des sas. Dans l’espace du large hall des passagers de 3ème classe, elle put voir que les inquisiteurs étaient 3 ou 4 postés auprès de chaque rampe de débarquement. Plus loin, en retrait, elle aperçut quelques autres silhouettes vêtues de noir.
Deux inquisiteurs, un homme et une femme se présentèrent devant elle.
« Bonjour Frères ! », dit-elle d'un ton enjoué.
L’homme prit son sac tandis qu’une femme effectuait la fouille au corps.
- Faudrait voir à pas trop en profiter pour me tripoter, quand même, dit Lilwenn lorsque les mains de la femme s’approchèrent de ses jambes.
L’inquisitrice, gênée, n’alla pas fouiller au fond des bottes de la jeune femme, ce qui était l’objectif. Lilwenn en profita pour pousser son avantage :
- Et pendant ce temps, l’autre lorgne mes dessous…
Effectivement, l’inquisiteur avait à la main quelques effets très personnels de la jeune femme qu’elle avait volontairement placés sur le dessus du sac. Il rougit et remit précipitamment les vêtements dans le bagage. Il tendit celui-ci à Lilwenn sans oser la regarder dans les yeux.
« Merci, bonne journée ! », conclut la jeune femme sans laisser transparaître son stress. Une fois sortie du spatiodock, Lilwenn soupira de soulagement. Elle ne cachait que des objets un peu « limite », rien de franchement illégal, mais avec l’Inquisition, ça pouvait quand même dire plusieurs jours d’emmerdes et des faveurs à quémander auprès de sa famille Fouinarde pour s’en sortir…
Après être monté plus haut dans la station, elle se retrouva dans la ville de Cumulus proprement dite. La vue était impressionnante, les gratte-ciel apparaissant comme des surimpressions sur l’espace parsemé d’étoiles. Cela dit, la station ne paraissait pas exceptionnellement bien entretenue. Le coin dans lequel elle avait débarqué était animé mais assez sale. A sa gauche, elle vit même une large grille qui bloquait l’accès à une rue dont les bâtiments semblaient délabrés et à l’abandon. Elle décida de se trouver un quartier plus avenant pour y manger et y dormir.
Elle déambulait le long d’une rue commerçante lorsque, passant devant un bar répondant au nom étrange du « Portail Ur », il lui sembla reconnaître une silhouette familière sortant dudit établissement, un gros sac informe sur le dos. Elle courut vers l’homme :
« Faz, Hé, Faz ! »
Lamar Faz se retourna.
« Lilwenn !», s’exclama-t’il. « Qu’est-ce que tu fous là ? »