Une ville enchaînée : Le Bazar de la vie III [Full]

C'est Fario qui répondit avant que les enfants ne le fasse. «Je ne serai pas de grande utilité. Dans l'état où je suis, une seule blessure serai suffisante pour me mettre à terre. Je ne pourrais donc pas aller bien loin. Par contre, je peux rester avec les enfants et surveiller le prisonnier. De plus, j'ai un lien télépathique avec Féllian, gracieuseté de notre maître. Si quelque chose devait tourner mal, je pourrais vous en informer aussitôt.»

La proposition semblait rassurer Éveline et Lucille, les deux jeunes filles, mais Diacre, le jeune nain, ne semblait pas du même avis. «J'aurais très bien pu m'en occuper moi-même,» marmona-t-il tout bas. Seules les oreilles fines des gnomes et de l'elfe avait capté ces mots. «Je suis assez grand. Si j'était parmi une vrai famille naine...» Le reste n'était pas perceptible.

L'examen sommaire de la porte par Imay ne lui révella aucun piège. Par ailleurs, la porte avait été récemment ouverte par les renforts qui n'avaient pas eu la chance de la refermer comme il faut. Dans l'entrebaillement, Imay pouvait distinguer ce qui semblait être un pont qui enjambait un précipice.

Fario propose : «C'est macabre, mais on pourrait empiler les corps devant la porte à l'est. Cela empêcherait les gens de l'ouvrir. Pour ce qui est de la porte nord, je crois que la barre qui verrouille la porte est encore en bon étât. Nous pourrions simplement la mettre en place.»

Empiler les cadavres devant la porte est n’avait pris que quelques minutes. C’était une besogne macabre et sale, mais cela empêcherait les intrus d’arriver par derrière. Avec la quantité de corps que les compagnons avaient à leur disposition, la « barricade » faisait la moitié de la porte. Quiconque voulait entrer par là allait devoir forcer pour pousser la porte.

La porte nord fut verrouillée à l’aide de la tige d’acier réservée à cette fin. Il n’y avait maintenant qu’une seule issue : celle du pont que l’hobgobelin avait désigné comme le chemin menant aux cellules.

Le pont en arche reliait le bazar à une grande chaussée de trois mètres de large longeant une grande caverne. Les murs rudes et naturels de la caverne sont fusionnés à un mur d’une pierre noire parfaitement lisse. Des portes et des fenêtres sont taillées dans la pierre noire. De chaque côté du pont, deux grandes statues de marbre blanc montent la garde. L’une représente un guerrier nain, alors que l’autre représente une guerrière naine. Tous les deux ont à la main une urgosh.

La lumière de la lanterne d’Altran laisse entrevoir un puits profond et au fond une eau calme et noire loin, très loin plus bas.

De l’autre côté du pont, la lumière d’Altran éclaire une porte en bois renforcée. Nárin ajoute : « Il y en a deux autres, une au nord et une au sud. Où allons-nous? »

Les yeux de Fario devinrent vitreux un instant alors qu'il communiquait avec son compagnon d'armes. «L'hobgobelin dit que les deux portes à droites et à gauche mènent à des dortoirs pour les gardes et les geoliers. Tout droit se trouve l'entrée des cellules. C'est là que les automates se trouvent.»

Derrière la porte se trouvait un long couloir qui semblait se diviser en deux embranchements une dizaine de pas plus loin. Vigilants, les compagnons avaient fait passer l’automate devant espérant s’en servir comme bouclier contre les autres automates qui devaient être présents selon leurs informations. Mais voilà, aucun garde n’était en vue. Il n’y avait que ce couloir. L’hobgobelin les avaient-ils trompés?
Alors qu’ils passaient la porte, deux clics se firent entendre et furent suivis d’un grincement de pierre. Quelque chose de lourd se déplaçait plus loin dans le couloir, le sol en tremblait légèrement!
Puis, à travers le mur, de chaque côté du couloir, apparurent deux grandes pinces en acier qui tentèrent de se saisir de Nárin et Fario. C’était des pinces énormes qui ressemblaient à celle d’un crabe de plusieurs mètres. C’est avec horreur que les compagnons virent les appendices se refermer sur les corps du nain et du demi-elfe.
Les deux guerriers maintenant vétérans réagirent aussitôt poussant sur les lames des pinces avec leurs propres armes créant ainsi un levier suffisant pour se libérer.
« Le mur n’est qu’une illusion, » s’écria Nárin. En effet, les compagnons pouvaient voir que le mur était devenu translucide révélant une grande pièce octogonale. Deux automates se trouvaient à proximité des murs menaçant Fario, Nárin et l’automate des compagnons. De plus, Naline aperçut au fond de la salle deux leviers de bois fixés au mur sur des plaques d’acier. Les leviers étaient présentement abaissés.

Naline se dirige vers le levier nord en longeant prudemment le mur (double déplacement). Pendant ce trajet, elle crie en gnome "stop" dans l'espoir que ça arrêtera les automates ennemis, et attend de Narin qu'il fasse de même en nain.