«Hein quoi ? Lui ? Ça doit faire deux ou trois mois.», répondit le vieux moine.
«Deux mois ! T'as tout faux mon vieux. Il est arrivé en même temps que le jeune Maruzio. Ça doit bien faire tout juste six mois. Il y avait de la neige au sol quand il a cogné à notre porte.», rétorqua son compagnon de table.
«T'es certain ? Oui... T'as peut-être raison... En tout cas, c'est un incompétent. Maintenant, je vais devoir encore manger du gruau froid. Je crois que Jenya devrait...»
«Je devrais quoi ?», demanda une voix autoritaire derrière l'homme. «Tu te crois à même de juger qui doit ou ne doit pas répondre à l'appel de notre Seigneur, Abel? Tu crois que tu es mieux placé que moi pour assurer l'intérim en attendant que Saracème ne soit de retour ?»
Jenya Urikas se tenait là, les mains sur les hanches attendant la réponse du vieux moine.
«Non, madame.», répondit l'homme. «Pardonnez-moi, madame.»
«Ce n'est pas à moi de te pardonner ton orgueil, Abel. C'est à Avméa. En attendant, va aider ce pauvre Hafez à ramasser. Tu passeras ensuite la matinée dans les cuisines. Cela t'enseignera peut-être un peu l'humilité.»
«Très bien, madame. Merci, madame.», dit l'homme tout bas avant de s'empresser d'aller au secours du jeune Hafez.
Après que le moine eut quitté la table, les traits de Mère Urikas s'adoucir un peu. On voyait que ses traits était tirés laissant paraître le poids des responsabilités qui incombait à cette jeune femme.
«Et bien, mes amis, vous avez décidé de profiter de notre hospitalité encore un peu avant de retourner dans les dédales de Jzadirune ? J'en suis fort aise. Les emplettes en ville ont été bonnes ?»